Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux
Doha, le 03 mars 2009 (5 Rabia El Awwal 1430)
Les frères qui s'occupent du sujet de l'excision dans le monde islamique m'ont demandé d'émettre une fatwa courte et précise qui définit notre point de vue religieux.
Ci-après mon avis juridique (fatwa) et que Dieu nous accorde le succès.
Béni soit Dieu, paix et bénédiction sur son Prophète
Selon des preuves tenues compte par les savants, tous les expertises religieuses ou avis juridiques (fatwa) dans l'Islam sont basés sur les 4 sources du droit musulman (le coran, la sunna, le consensus et l'analogie). Ces sources ont été fixées par la communauté islamique mondiale. Il existe aussi d'autres sources secondaires comme l'opinion personnelle et la prise en considération de l'intérêt général.
Si on examine ces sources par rapport au sujet d'excision on ne trouve aucune preuve qui exige ou recommande cette pratique. La majorité des érudits dans le domaine ont conclu que cet acte est une tradition autorisée liée à des coutumes et des intérêts. Par conséquent, on trouve que certains pays pratiquent l'excision et que par contre la plupart des pays islamiques ne la pratiquent pas. Tout de même, les savants de ces pays ne disent pas le contraire.
Dans de nombreux pays musulmans l'excision est pratiquée par des exciseuses ignorantes qui ne possèdent pas les moindres connaissances médicales pour effectuer ce travail. Elles ne respectent pas toujours les instructions nécessaires, ce qui a provoqué des dommages massifs.
L’examen du Coran, de la Sunna, du consensus des savants et du raisonnement analogique a montré qu’aucune preuve ne peut en être tirée pour justifier le caractère obligatoire ou recommandé de l’excision, pas plus que pour en appuyer le caractère détestable ou illicite. Les savants penchent ainsi unanimement pour l’une des trois caractérisations suivantes : l’obligation, la recommandation ou l’aspect honorifique de l’excision. Ils s’accordent ainsi sur la permissibilité de cette pratique.
Or il est juridiquement admis que parmi les choses originellement permises, certaines peuvent être partiellement ou totalement interdites s’il est démontré qu’elles présentent un caractère nocif ou néfaste. Dieu n’a en effet autorisé les choses permises que dans la mesure où elles sont source de facilité et de bien-être pour Ses Serviteurs, disant à cet effet : Dieu veut alléger votre charge, car l’homme a été créé faible. (Sourate An-Nîsâ, Les Femmes, verset 28)
Du point de vue religieux, les actes autorisés peuvent être empêchés s'il en résulte des dommages; et cet empêchement indique soit une détestation ou une interdiction. Cela relève de la compétence des experts et spécialistes.
Ce sujet doit faire l’objet d’études et d’analyses. Si une étude objective, menée par des experts et des spécialistes neutres et pas affligés d'une quelconque inclination idéologique, montre que l’excision porte un préjudice avéré ou probable aux filles, alors il faudra faire cesser cette pratique et interdire un acte pourtant originellement permis, et ce en vertu du principe de précaution contre une situation de préjudices causés et subis. Notre position, bien que contraire à celles des savants des temps passés, est justifiable car leur époque ne leur a pas fourni les données et les statistiques que nous a pourvues la nôtre. Ils reconnaissaient d’ailleurs eux-mêmes que le verdict juridique peut varier en fonction du lieu, de l’époque et du contexte dans lequel il est rendu. Si ce que nous apprenons à ce sujet avait été porté à la connaissance de nos prédécesseurs, ils auraient changé d’avis car ils cherchaient à appréhender la vérité où qu’elle se trouve.
Cette règle fondamentale et unanimement admise étant établie, il apparaît en conséquence que l’excision des femmes ou l’ablation d’une partie de leur corps sans justification médicale est un acte qui n’est pas permis et qui est donc illégal. Il entre même dans la modification de la création de Dieu et est considéré comme une œuvre du diable. En plus il n'existe aucune permission de la part de Dieu.
Qui veut approfondir ce sujet, peut lire nos avis détaillés dans le livre «Fatwa contemporaines, Volume 4».
Le quémandeur du pardon de son Seigneur,
Yusuf Qaradawi
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